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Once Upon a Time… in Hollywood, un conte de fées au Far-West

News 23 Aug 2019, 12:00 ELSA COLOMBANI

Leonardo Dicaprio et Brad Pitt font leur show dans le nouveau film de Quentin Tarantino, entourés d’une ribambelle de jeunes actrices talentueuses.

 

«Ce film c’est moi» proclame Quentin Tarantino au sujet de son nouvel opus, présenté au Festival de Cannes en mai dernier. «C’est l’année qui m’a formé. J’avais 6 ans à l’époque. C’est mon monde à moi. Et ma lettre d’amour à Los Angeles.» Cette année fondatrice que cite le cinéaste, c’est 1969, l’année qui fit trembler Hollywood. Du royaume insouciant dévolu à la fête, aux danses et rêveries psychédéliques, et où les fi lms s’enchaînent dans les salles obscures et les drive-in, la Cité des Anges bascule dans l’horreur dans la nuit du 8 au 9 août lorsque des membres de la secte de Charles Manson s’introduisent, sur les ordres du gourou, dans une belle demeure de Cielo Drive. Le massacre fait cinq victimes : l’actrice Sharon Tate, enceinte de huit mois, ses amis Jay Sebring, Wojciech Frykowski et Abigail Folger, ainsi que Steven Parent, venu rendre visite au gardien de la villa.

L’atrocité du fait divers bouleverse Hollywood, et le sadisme perpétré par les meurtriers engendre rapidement la fascination morbide des tabloïds. Pour cause, la célébrité des propriétaires de la maison : Sharon Tate, jeune débutante de 26 ans, et son époux, le cinéaste Roman Polanski, alors adulé par le tout Hollywood suite au succès de Rosemary’s Baby, en déplacement à Londres lorsqu’il apprend le meurtre de sa femme. Le crime scelle la fi n de l’âge d’or hollywoodien. Le visage de Charles Manson devient l’incarnation du Mal dans la culture populaire américaine tandis que celui de Sharon Tate, à jamais fi gé dans sa jeunesse, se fait le symbole d’une innocence irrémédiablement perdue. On comprend
que Quentin Tarantino, à la cinéphilie dévorante, ait été à jamais marqué par cette affaire, à laquelle il consacre aujourd’hui son nouveau fi lm, intitulé Once Upon a Time…in Hollywood. Un titre doublement évocateur, à la fois référence aux films du grand Sergio Leone (Il était une fois dans l’Ouest, Il était une fois en Amérique), et invocation de l’univers
du conte, de l’irréel et du fantasme.

 

Les illusions perdues

Il était une fois donc, un acteur de seconde zone et le cascadeur qui lui sert de doublure. Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) est le Steve McQueen du pauvre, l’homme qui aurait pu devenir une star mais à qui la chance a manqué. Au lieu de décrocher le premier rôle de La Grande Évasion, notre héros doit se contenter d’incarner les méchants cowboys dans des séries télévisées, se retrouve catalogué comme acteur du petit écran, et peine à s’imposer au cinéma. Son désenchantement le pousse à boire, un peu trop, seul dans sa maison de Cielo Drive. Jusqu’à ce qu’un soir, Rick ne se prenne à rêver d’une rencontre providentielle avec ses nouveaux voisins, Sharon Tate (Margot Robbie) et son célèbre réalisateur de mari. À ses côtés, Cliff Booth (Brad Pitt) s’est quant à lui résigné à renoncer à ses rêves. Il faut dire que personne à Hollywood n’ose plus côtoyer le cascadeur, soupçonné d’avoir noyé sa femme en la jetant par-dessus bord. Ce passé trouble, Tarantino l’emprunte à une autre affaire hollywoodienne, celle de la mystérieuse noyade de la star Natalie Wood, dont le mari, Robert Wagner, a toujours été soupçonné d’y être pour quelque chose. Il n’y a guère plus que Rick pour apprécier la compagnie de Cliff, devenu son homme à tout faire. Quand Rick tourne, Cliff parcourt les rues ensoleillées de Los Angeles au volant de sa voiture.
Il observe la ville et avec elle, le monde. Son regard croise alors la route de jeunes hippies qui errent dans les rues. Il ne faut pas bien longtemps au spectateur pour comprendre qui sont réellement ces jeunes fi lles en fl eurs… La menace plane – le mal rôde dans la Cité des Anges.

 

Révélations féminines

Obsession récurrente du cinéaste d’Inglourious Basterds et Django Unchained, le western constitue une fois de plus la référence formelle principale de Once Upon a Time... Tandis que Rick joue les cowboys moustachus, Cliff se retrouve, lui, dans un véritable western lorsqu’il prend en auto-stop une de ces belles hippies aguicheuses, au surnom guère subtil de Pussycat (Margaret Qualley), qui l’emmène au fi ef de la «famille Manson», le Spahn Ranch. La séquence – impressionnante – doit beaucoup au casting éclatant des actrices qui interprètent les recrues de la secte. Parmi elles, on retiendra surtout la scène – courte, mais marquante – de Dakota Fanning, en beauté diaphane vieillie avant l’heure, pourrie
jusqu’à la moëlle. Mais c’est surtout la jeune Margaret Qualley qui s’impose, après des rôles remarqués dans les séries The
Leftovers et Fosse/Verdon. L’actrice joue avec un talent fou le mélange de charme ravageur et de perversité vénéneuse nécessaires pour attirer autant qu’ils repoussent l’expérimenté Cliff Booth. Plus tard, l’apparition de Maya Hawke (qui fait des merveilles dans la saison 3 de Stranger Things) amuse, clin d’oeil de Tarantino à sa propre filmographie, l’actrice étant la fille de l’héroïne de Kill Bill, Uma Thurman. À l’inverse de cette incursion glaçante dans l’univers de la secte, l’intrigue de Rick dans son Far-West factice s’avère fort heureusement bienfaisante lorsqu’il rencontre une petite fi lle de 8 ans, actrice professionnelle, à la sagesse précoce. La jeune Julia Butters épate face au géant DiCaprio, son visage poupin rappelant celui de Natalie Wood – une ressemblance à l’évidence non fortuite, accentuée par sa coiffure identique à celle de Wood dans le western The Green Promise (1949).

 

Le roi des acteurs

Qu’on adhère ou pas au tournant provocateur qu’emprunte Once Upon a Time… in Hollywood, nul ne peut contester à Quentin Tarantino son talent évident de direction d’acteurs. Ici, le duo formé par Brad Pitt et Leonardo DiCaprio se révèle explosif, et leur joie à développer leurs nombreux ressorts comiques est communicative. DiCaprio se délecte particulièrement dans son portrait d’un acteur attachant mais peu perspicace lorsqu’il prend le grand réalisateur italien Sergio Corbucci pour un auteur de navets. DiCaprio démontre lors d’une séquence mémorable à ceux qui l’ignoraient encore qu’il est sans conteste le plus grand acteur américain de sa génération. Dans ce tour de force, il joue l’acteur moyen qui, lors d’un moment d’épiphanie, livre la performance de sa carrière, et se découvre un talent auquel il ne croyait plus vraiment lui-même. Sidéré de son exploit, Rick a le regard heureux qui soudain se voile de mélancolie lorsque sa jeune partenaire clairvoyante vient lui susurrer à l’oreille ce que chacun des spectateurs pense alors en son for intérieur : «Je n’ai jamais vu quelqu’un jouer aussi bien de toute ma vie.»

 

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